"L'art dépend d'une vision... mais
l'obstacle de la matière force cette vision vague à se formuler, donc
à se condenser en un signe reconnaissable, du moins fascinant."
Jean Aujame
Depuis des siècles, la signification d'une image se crée,
par la forme capable de provoquer les attitudes, de suggérer des
sentiments, d'exalter l'émotion en une facture reconnaissable, désignant
l'artiste.
Chez Jacqueline Voyatzis, tout cela est déjà réuni en un
langage poétique original qui fait vibrer les couleurs par le jeu
des complémentaires, avec des espaces en alternance de tons chauds
et froids et de nuances déguisées pour en accentuer d'autres.
C'est sans doute de sa Grèce d'origine, de l'île de Symi,
près de Rhodes au passé chargé d'histoire, que lui vient cette subtile
délicatesse des nuances de la lumière qu'elle offre au regard du
public dans ses toiles.
D'une famille d'architectes, elle fait ses études supérieures
à Paris où elle séjourne plusieurs années, puis tombe amoureuse
de la côte du Goëlo où elle s'installe pour se consacrer à la peinture.
C'est en réalisant des travaux il y a quelques années dans sa maison
de Saint Quay, où des peintres ont séjourné autrefois, que sa vocation
va définitivement se sceller, en restaurant une fresque découverte
au hasard des travaux dans la propriété, signe du destin.
Solitaire et réservée, l'artiste cultive
le mystère, l'insolite, les grands espaces comme les petits, sans
jamais prétendre donner de réponses aux interrogations qu'elle suscite
dans sa peinture. C'est le début d'une histoire
gaie ou sensible qu'elle propose au regardeur, au sens de M.Duschamps,
provoquant une réflexion s'adressant à l'âme vers
un monde plus serein, où le voyage au pays de l'émotion et de la
sensibilité ne serait plus fugitif, mais serait capté dans une étreinte
éternelle, tel un bonheur secret.
C'est dans cette recherche de la touche du pinceau, du
couteau, de la matière, des couleurs et de la lumière, qui sert
son propos,que l'œuvre de Jacqueline Voyatzis se dessine, témoignant
ainsi dans un avenir prometteur, que l'art est bien vivant en ce
début de siècle.
Didier-Jean Bacon
Président du Carré d'Art
Administrateur du Collectif des plasticiens Costarmoricains.